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La philosophie analytique a une histoire. C’est à celle-ci que ces rencontres ont pour ambition de contribuer. Le courant de l’empirisme logique a traversé l’Atlantique pour rejoindre les États-Unis au début des années 1930. Jusqu’à cette date, c’est le pragmatisme qui est le courant philosophique dont on se souvient le mieux ; ses figures majeures sont celles de Peirce, James et Dewey. D’autres courants, dont on se souvient moins, comme le New Realism ou le Critical Realism jouent aussi un rôle important dans la configuration de la scène philosophique américaine de la première moitié du XXe siècle. Comment la philosophie américaine a-t-elle accueilli les représentants de l’empirisme logique ? Il nous semble intéressant de porter une attention toute particulière à l’héritage et aux critiques de l’empirisme logique aux Etats-Unis. Deux histoires s’opposent*. Une première histoire, caricaturale, ne retient de l’empirisme logique qu’une conception standard, réduite à deux dogmes principaux : le rejet de la métaphysique et la formulation du principe vérificationniste. Selon cette interprétation, l’empirisme logique n’aurait servi que de repoussoir pour les philosophes américains des années 1930 aux années 1960. La philosophie outre-atlantique n’aurait eu de cesse de se porter en faux contre les thèses du Cercle de Vienne, ainsi qu’en témoigne notamment l’article de Quine, les « Deux dogmes de l’empirisme » (1951). La seconde histoire, moins sévère, retient de l’empirisme logique ses méthodes et son approche critique de la rationalité, qui constituent alors pour la philosophie américaine des XXème et XXIème siècles, un héritage précieux. En somme, si la philosophie américaine de la seconde moitié du XXème siècle semble s’être construite en réaction à l’empirisme logique, elle ne s’est pour autant pas défaite de tous ses principes. Qu’a-t-elle conservé ? De quoi s’est-elle séparée ? C’est la question à laquelle notre colloque se propose de répondre. Les critiques de Quine, de Sellars, de Goodman, de Davidson ou encore de Putnam jouent sans aucun doute un rôle structurant dans la formation de la philosophie analytique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ces auteurs entretiennent des liens particulièrement féconds mais ambivalents avec l’héritage de l’empirisme logique. Mobilisons ici, à titre d’exemple, la relation extraordinairement riche entre Carnap et Quine, sur fond d’opposition à la fois technique et essentielle : il n’est pas évident que la critique élaborée par Quine dans « Les deux dogmes » ait parfaitement atteint sa cible, ne serait-ce que parce que la thèse du holisme vérificationniste attribuée à Duhem-Quine était en un sens déjà présente chez Carnap. De même, les références à Reichenbach ne manquent pas dans l'œuvre de Putnam, qui a expressément reconnu sa dette envers son directeur de thèse. Les interventions de ce colloque s’efforceront de mettre en lumière la complexité des rapports que la philosophie américaine contemporaine entretient avec l’empirisme logique. *Cette lecture est proposée notamment par Delphine Chapuis-Schmitz dans un article intitulé « L’empirisme logique : logique, rationalité, conventions » in Lectures de philosophie analytique, dir. S. Laugier & S. Plaud, Paris, Ellipses, 2011.

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